Occupant une place privilégiée dans les souvenirs gourmands de nombre de Lorrains, la vaûte est une crêpe très épaisse (d'une densité évoquant celle du blini ou du pancake), salée ou sucrée, souvent enrichie de crème et tantôt farcie de fruits.
Nous avons opté pour la version sucrée, la plus courante. La pâte doit être liquide à semi-liquide: farine, levure, lait végétal, crème végétale, sucre vanillé dans sa version végane. Certains ajoutent un peu de rhum. Si on met des fruits (hors saison, il suffit de s'en procurer de congelés ou en boite), il convient de les tailler en morceaux et de les associer à la pâte.
Généreuses, délicieuses, d'une texture moelleuse et aérée incroyable, les vaûtes achèveront copieusement un repas ou se dégusteront au goûter avec une tasse de café ou de thé. Natures, on peut les napper de sirop d'étable, les tartiner de confiture ou de chocolat fondu comme les saupoudrer d'un nuage de sucre glace.
Un peu d'histoire
La vaûte* (terme usité dans le massif vosgien lorrain et en Champagne rémoise), voûte (en Moselle, dans le Pays messin, dans le Pays-Haut et le Saulnois) ou vôte (dans les Ardennes et en Wallonie) est une crêpe à base de farine, de lait et d’œufs. Souvent présentée en tant que dessert sucré, tantôt avec des fruits cuits avec la pâte (pomme, mirabelle, myrtille, cassis, raisins secs...), elle se connaît aussi en version salée, même si celle-ci tend à se confondre de nos jours, en Lorraine, avec le beignet râpé. Dans les Ardennes voisines, on connaît aussi la version vôtes al rapèye... avec de la pomme de terre râpée.
Naguère, les vautes se servaient souvent le vendredi, en accompagnement de la soupe ou du plat de résistance. En version salée, leur composition variait selon les endroits: au centre de la Lorraine (dans le Pays messin, le Pays de Pont-à-Mousson), on utilisait de la farine de froment pur; au sud (dans les Hautes Vosges et la Vôge), c'était surtout la farine de sarrasin (blé noir), appelée blé barbu. Au nord-est (dans le pays de Bitche, le Warndt, le pays de Sarrebourg) et au nord (Thionvillois), la farine de seigle était souvent de mise. Au nord-est (dans le pays de la Nied et dans le Saulnois), c’était un mélange seigle-froment. A ces différentes farines s'ajoutaient des œufs, du lait, tantôt de la crème fraîche, du lard, le tout frit au saindoux dans des poêles aux bords assez hauts.On pouvait également y ajouter de la bière.
* Vaûte viendrait du latin voltare, qui signifie «tourner», les vaûtes se cuisant sur les deux faces et donc devant être retournées.
Recette
Ingrédients
(pour 2-3 pièces de 22 cm de diamètre)
250 g de farine de blé
1 sachet de levure chimique
30 cl de lait de soja (ou autre lait végétal)*
15 cl de crème de soja (ou autre crème végétale)
2 sachets de sucre vanillé
1 cuil. à soupe de rhum (facultatif)
Huile de cuisson
* Eviter celui de riz
Préparation
Dans un saladier, mélanger la farine, la levure chimique et le sucre vanillé. Verser le lait et la crème végétale (le rhum si on le souhaite) et fouetter avec un fouet manuel jusqu'à ce que la pâte ne comporte plus de grumeaux. La pâte doit être liquide, mais pas trop. Si on ajoute des fruits, les laver et les tailler en morceaux avant de les incorporer à la pâte. Laisser reposer 2 heures au frais.
Huiler généreusement une poêle qui glisse bien. Une fois bien chaude, verser plusieurs louches de pâte de manière à obtenir une épaisseur de 0,5 cm (la crêpe va doubler de volume pendant la cuisson). Faire cuire à feu modéré pendant 5 minutes environ. Retourner la vaûte pour la faire dorer sur sa seconde face.
P'tit truc de Léna
Comme le haut de la crêpe est toujours liquide au moment de la retourner, c'est assez délicat. Je vous conseille d'utiliser 2 spatules.
La vaûte ne contient quasiment pas de sucre, elle peut donc faire aussi un petit déj' salé. C'est délicieux avec du houmous !