Grand classique de la gastronomie française originaire de Lorraine, la bouchée à la reine est un vol-au-vent* individuel: feuilletage denté garni dans son creux d’une préparation liée d’une sauce ruisselant sur les bords de la plus appétissante manière et coiffé d'un chapeau doré.
Dans le cadre d'une bouchée à la reine végétalienne, la coque (voir à croustade), en pâte feuilletée ou brisée, se verra fourrée d’un salpicon (dés) de légumes (nous avons opté pour des champignons, de l'oignon, du vert de poireau), voire, d'autres ingrédients (tel du tofu fumé), enrobés d’une sauce végétale. Le tout muscadé, salé, poivré, pimenté, avant de passer au four.
Servie chaude, cette entrée gourmande peut se révéler en plat principal avec une feuille de salade (de la mâche en hiver) et d'autres légumes de saison (pour nous, rondelles de carottes sautées au curry, mais on aurait pu mettre des petits pois, des topinambours, du fenouil braisé, des röstis de pommes de terre...).
*Le vol-au-vent étant normalement plus gros (une quinzaine à une vingtaine de centimètres de diamètre) que la bouchée à la reine, même s'il reste difficile de faire le distinguo entre les deux.
Un peu d'histoire
Cette charcuterie pâtissière puise ses racines au Moyen Âge, époque où il était courant d’entourter les mets pour les protéger des effets de la cuisson… On prête à Marie Leszczynska (1703-1768, épouse de Louis XV et fille du prince Stanislas, roi de Pologne et duc de Lorraine), réputée pour sa gourmandise, d'avoir eu l’idée de ces petits feuilletages (variante des vol-au-vents des cuisines suisse et belge) garnis d’une préparation en sauce. Avec la complicité des chefs pâtissiers de la cour de Versailles, elle y aurait fait introduire des ingrédients aphrodisiaques censés lui faire retrouver les faveurs du roi qu'il destinait plutôt à sa favorite, Madame de Pompadour.
Selon le chef cuisinier Auguste Escoffier (1846-1935), à l'origine, cette timbale en pâte feuilletée se garnissait d'une purée de volaille à la crème, devenue, à la fin du XIXe siècle, un salpicon de volailles, de champignons et de truffes. Le feuilletage évoluera vers un salpicon de blanc de volaille, de ris de veau, de champignons, de quenelle, voire, de noix de jambon, enrobés d’une sauce faite de beurre et de farine, liée avec des oeufs et de la crème (parfois de la béchamel). Certains intègrent aussi des fruits de mer, du poisson. Pour les fêtes, elle s’enrichit souvent de cèpes, de morilles, de lamelles de truffe. Le tout, relevé de muscade, de sel, de poivre, parfois de madère.
Recette
Ingrédients
(pour 4 pièces de 8 cm de diamètre ou pour 6 pièces de 6 cm)
4 ou 6 croustades (voir notre recette)
350 g de champignons de Paris (ou autres champignons frais)
1 bel oignon
Le vert d'1 poireau
1 gousse d'ail
100 g de tofu fumé (facultatif)
10 cl de crème végétale + pour la dorure
2 pincées de noix de muscade moulue
1 pincée de piment
Sel
Poivre
Préparation de recette
Réaliser les timbales de pâte (voir à croustade) et les réserver.
Eplucher les champignons (en prévoir davantage si on n'utilise pas de tofu fumé), les laver et les tailler en dés. Les faire suer dans une poêle huilée. Egoutter et réserver. Emincer le vert de poireau, le faire suer et réserver. Eplucher et émincer l'oignon et le faire suer. Mélanger les légumes dans un saladier. Leur incorporer le tofu fumé (taillé en dés, brièvement revenus à l'huile), la moitié de la crème végétale, la muscade, le piment, la gousse d’ail écrasée, le sel et le poivre. Bien mélanger et répartir dans les croustades. Arroser du restant de crème végétale et coiffer de leurs chapeaux. Envoyer à four préchauffé à 200°C durant 10 minutes. Servir bien chaud avec leur garniture prévue.
Le p'tit truc de Léna
Si vous ne disposez pas d'emporte-pièces dentelés, voici une solution: prendre 1 moule à tartelette en fer de 8 cm de diamètre et s'en servir pour découper la pâte. Ensuite, évider en rond l'intérieur.