Le berawecka est un délice de pain fourré aux fruits secs et aux fruits confits, très compact.
Sa fabrication nécessite donc essentiellement des fruits secs (poire, figue, raisin, abricot, noix ou noisette) et des fruits confits (cerise, angélique, orange, citron, etc…), mis à macérer dans du kirsch ou de l’eau-de-vie de quetsche ou de mirabelle, puis liés par une fine couche de pâte, rehaussée d’épices (cannelle, muscade, anis). Moulés en petits pains oblongs, ceux-ci cuiront au four.
Comptant parmi les gâteaux alsaciens de Noël*, le berawecka se découpe en très fines tranches. On en offre avant la messe de minuit, parfois avec une boisson chaude.
*Avec le stollen, le pain d’épices décoré et toute la joyeuse collection des bredele.
Un peu d’histoire
Ce gâteau en pâte à peine levée, enrichie de fruits secs et de fruits confits, se rencontre en Alsace, mais aussi en Allemagne méridionale, dans le Tyrol italien, en Autriche et en Suisse. Son origine remonte au Moyen Âge. Contrairement aux idées reçues, son nom de berawecka (ou Beerewecka en Allemand) ne provient pas de bera («poire» en Alsacien), mais de Père (signifiant Pessa’h en yiddish), associé à wecka («petit gâteau», «petit pain»). En effet, ce gâteau est lié à la communauté juive, fortement présente en Alsace. Les Chrétiens reprendront à leur compte ce gâteau de fruits secs, non pour leur fête de Pâques, mais pour Noël…
Si le Berawecka est implanté dans le Haut-Rhin, on en retrouve diverses variantes dans ce département: Hogey ou Hoguei dans le pays welche*, Schnitzwecka dans la vallée de Munster, où la pâte entoure les ingrédients. Dans le Haut-Rhin, il existe aussi le Hutzelbrot. On retrouve ce pain enrichi dans le Territoire de Belfort (annexé à la Franche-Comté après la défaite de 1870, mais qui fut auparavant alsacien).
*Cinq communes du canton de Lapoutroie (à l’ouest de la vallée de Kaysersberg) où le parler welche (signifiant en allemand «étranger de langue latine») était implanté depuis le Moyen-Age. Avec l’exode rural amorcé après le dernier conflit mondial, ce parler s’est évanoui. Ne subsiste plus qu’un sentiment d’appartenance qui se traduit par le folklore.
Recette
Ingrédients
250 g de pâte à pain à commander chez son boulanger ou à faire soi-même (200 g de farine, 2 pincées de sel, 10 g de levure fraîche, 15 cl d’eau)
100 g de pruneaux dénoyautés
100 g de raisins de Malaga
150 g de poires séchées en rondelles
5 figues séchées
50 g d’amandes effilées
50 g de cerneaux de noix
5 cerises confites* + 2 ou 3 pour la décoration
Un peu d’angélique confite* (facultatif)
1 cuil. à soupe de zeste d’orange râpé ou de citron
2 cuil. à soupe de sucre
1 bonne pincée de cannelle en poudre
1 pincée d’anis en poudre
2 cl de kirsch
Un peu de crème végétale pour la dorure
*Les fruits confits que nous avons choisis n’utilisent pas pour leurs colorants de matière d’origine animale. Il existe des fruits confits sans colorants dans les commerces bio.
Préparation de recette
Laisser tremper pruneaux, poires séchées et raisins secs dans de l'eau tiède pendant 30 minutes. Les égoutter, puis les hacher grossièrement en même temps que les figues. Mélanger l’ensemble des ingrédients dans un saladier avec les noix, le zeste d'agrume, les cerises confites (coupées en deux), le sucre et les épices. Verser le kirsch et laisser reposer 1 heure. Etaler la pâte à pain sur le plan de travail légèrement fariné. Y verser le contenu du saladier et malaxer l’ensemble pendant plusieurs minutes afin de bien incorporer la garniture en la répartissant dans la pâte. Façonner 1, 2 ou 3 petits pains farcis de fruits et garnir le dessus avec des amandes, des noix ou des cerises confites. Huiler la plaque du four et y poser les pains aux fruits. Les dorer avec un peu de crème végétale et les laisser cuire 35 à 40 minutes (selon la grosseur des pains) à 180 °C.
Le p’tit truc de Léna
Hyper calorique, mais diablement bon, ce pain au nom difficile à prononcer se conserve bien sous un film plastique. On peut ainsi en préparer à l’avance pour les fêtes.
Si on ne dispose pas de poires séchées, on peut les faire sécher soi-même. Il suffit de les peler, de les épépiner et de les tailler en minces rondelles à étendre sur du papier sulfurisé, avant de les passer à four chaud par intermittences (à chaque fois, éteindre celui-ci et en laisser la porte entrouverte. Recommencer l’opération à 4 à 5 reprises).
Si vous visez la perfection, il convient de se procurer des fruits secs et confits au détail de première qualité dans une épicerie fine.