La linzertorte (ou tarte de Linz), une merveille de pâtisserie autrichienne, «adoptée» par les Alsaciens méridionaux, rappelle que le Sundgau appartint jadis aux Habsbourg. Cette tarte*, garnie d’une confiture de framboises, présente la particularité d’être recouverte de croisillons de pâte entre lesquels apparaît la rougeur rosée avenante de la framboise. La pâte elle-même ne manque pas d’originalité, contenant de la poudre d’amande et des épices (poudre de cannelle et de girofle).

Il existe plusieurs «formules» de linzertorte: à la confiture d’airelles (encore une spécialité autrichienne), de mûres et même avec du chocolat ou parfumée au kirsch.

Au dessert d'un repas ou au tea-time, cette tarte enthousiasmera les gourmands par sa texture friable, fondante en bouche avec ses saveurs multiples et riches.

* Qui n'est pas sans évoquer la tarte du Champsaur, connue aussi sous l'appellation de «tarte des Alpes»…

Un peu d'histoire

Cette pâtisserie rappelle que le Sudgau (pays alsacien méridional, à cheval sur le Territoire de Belfort) cultive des liens improbables avec l'Autriche, par l'histoire. En effet, Linz, troisième ville d’Autriche, se situe au nord de l’Autriche, sur la vallée du Danube... bien loin du Rhin. Ces liens entre le Sundgau et l’Autriche remontent au Moyen Âge. En 1324, lorsque Ulrich III meurt sans héritier mâle, sa fille, Jeanne de Ferrette, se marie avec Albert II de Habsbourg, apportant ainsi en dot le Sundgau à la famille régnante d’Autriche. Les Habsbourg régneront sur le Sundgau jusqu’en 1648, date du traité de Westphalie (conclusion de la guerre de Trente Ans) et de l’annexion de la Haute Alsace notamment par la France.

Les Autrichiens reviendront occuper la région après l’abdication de Napoléon en 1815. Le général Barbanègre s’illustrera d’ailleurs dans la défense héroïque d’Huningue, localité située aux portes du Sundgau et près de la Suisse. On peut, néanmoins, penser que la Linzer Torte (dite aussi Linzertorte, tarte de Linz ou tourte de Linz) s’est faite connaître vers la fin du XIXe siècle, époque où l’Empire austro-hongrois brille à son firmament et que sa capitale, Vienne, est aussi celle de la pâtisserie.

Notons aussi un autre emprunt de l’Alsace à l’Autriche: le strudel aux pommes.

Recette

Ingrédients

(pour 1 moule de 24-26 cm de diamètre)

220 g de farine de blé

100 g de poudre d'amande

100 g de margarine

8 cl de crème végétale (soja pour nous) + pour badigeonner

80 - 100 g de sucre

1 sachet de sucre vanillé

1 cuil. à café de cannelle en poudre

1 pincée de girofle moulue

Quelques gouttes de jus de citron (facultatif)

1 pincée de sel

200 - 300 g de confiture de framboise (selon l’épaisseur souhaitée et sa teneur en sucre)

Préparation

Mélanger la farine avec le sucre en poudre, le sucre vanillé, la poudre d’amande, les épices et le sel. Séparer la margarine ramollie en petits morceaux et les incorporer à la préparation en sablant avec les doigts. Ajouter la crème végétale et le jus de citron et travailler jusqu’à l’obtention d’une pâte souple. Rajouter un peu de farine ou de crème si besoin. Filmer la pâte et la placer au frigo 45 minutes pour qu’elle se raffermisse.

Placer la pâte sur une feuille de papier sulfurisée et l’étaler assez finement en cercle à l’aide du rouleau à pâtisserie fariné. La transférer sur un moule à tarte huilé avec le papier (les bords doivent largement dépasser le moule). Étaler la confiture de framboise sur le fond de tarte. Couper l’excès de la pâte en veillant à laisser les bords de 1 -2 cm au-dessus de la confiture, former de nouveau une boule et l’étaler en farinant si nécessaire. La détailler en bandelettes avec une roulette cannelée. Déposer ces bandes sur la confiture en les entrecroisant en treillis. Badigeonner (facultatif) le treillis de crème végétale. Faire cuire la tarte au four préchauffé à 160°C à peu près 30 minutes.

Attendre le refroidissement avant de démouler. Au moment de servir, il est possible de saupoudrer de sucre glace.