La trouchia est une sorte d’omelette épaisse qui, sous sa surface dorée par la cuisson, verdoie des feuilles de blettes* entrant dans sa composition.
La base en est les ingrédients d’une omelette nature (voir omelette végétale), mais que «chamboule» une part importante de vert de blettes qui y est déversée, de concert souvent avec des herbes (persil, basilic, cerfeuil, ciboulette, etc.), de l’ail, des pignons torréfiés… L’ensemble donnera une mixture très «verdure», laquelle cuira longuement sur chaque face dans une poêle généreusement graissée d’huile d’olive.
On la dégustera chaude ou tiède, flanquée d’une salade de mesclun ou, pourquoi pas, d’asperges de saison.
*Légume reconnaissable à ses grosses feuilles pommelées de couleur vert sombre nervurées de blanc et à ses longues tiges plates côtelées. Très familière dans le quart Sud-Est de la France (Provence, Comté de Nice, Comtat Venaissin, Corse, Vallée du Rhône, Dauphiné, Vivarais, Lyonnais, Savoie…), la blette, ou bette, est mieux connue en d’autres régions sous les noms de carde, poirée, joute (dans le Bordelais, les Charentes), jotte (en Vendée). Dans la Flandre française et en Wallonie, c’est la djote!
Un peu d’histoire
La trouchia ou truchia, rappelle que la région de Nice s’était énamourée* d’une petite blette dite de «Nice», cultivée localement. Dans la version traditionnelle, c’est-à-dire omnivore, le vert de blette, finement ciselé avec des herbes, est mélangé à des œufs battus, salé, poivré et additionné d’un morceau de parmesan émietté. La préparation est ensuite versée dans une poêle copieusement huilée, sous couvercle, et cuite à feu doux un gros quart d’heure sur chaque face. A noter que la trouchia peut être cuite au four.
A l’origine, ce plat du pauvre très nourrissant se glissait dans la besace des travailleurs. De nos jours, il fait les délices du pique-nique… Démoulée et vendue à la part dans certains magasins du Vieux-Nice, cette trouchia se mange très bien froide, même si ses amateurs l’aiment chaude ou tiède, arrosée d’un filet de vinaigre de vin.
*Comme en témoigne une autre spécialité locale, la torta de bléa (tourte aux blettes).
Recette
Ingrédients
(pour 4 personnes)
1 préparation d'omelette végétale nature (voir notre recette)
750 g de vert de blettes (prévoir au minimum 2 kg de blettes)
1/2 bouquet de persil plat
3 à 4 cuil. à soupe de levure maltée
1 gousse d’ail
1 poignée de pignons (facultatif)
3 à 4 cuil. à soupe d’huile d’olive (pour la cuisson)
Sel
Poivre
Préparation de recette
Oter les côtes et les nervures des blettes (celles-ci se recycleront en gratin ou, émincées et revenues à l’huile, en garniture d’un plat). Laver le vert de blette prélevé, le faire suer dans une poêle huilée à couvert 15 à 20 minutes avec la gousse d’ail hachée, le presser (dans un linge propre) pour éliminer le plus d’humidité possible, puis le hacher finement et le mélanger avec le persil et d’autres herbes éventuelles.
Rassembler tous les ingrédients prévus pour l’omelette végétale, y incorporer la levure maltée (qui se substituera parfaitement au parmesan), éventuellement des pignons juste torréfiés, saler, poivrer, avant d’unir avec les blettes. Verser la préparation dans une poêle huilée. Couvrir la poêle d’un couvercle et laisser cuire à feu lent 20 minutes, de manière à ce que l’omelette n’accroche pas. Renverser la poêle dans son couvercle. Huiler à nouveau la poêle, faire glisser la deuxième face de l'omelette et faire cuire encore 20 minutes.
Le p’tit truc de Léna
Les côtes de blettes représentant les deux-tiers du poids du légume, on peut compléter le vert de blettes par des herbes (persil, ciboulette), des feuilles (de radis, de raves), ce qui évitera de trop se ruiner, car c’est parfois assez cher, surtout en bio.
Si, dans certaines régions, vous ne parvenez pas à mettre la main sur des blettes, on peut (mais chut !) remplacer par de l’épinard.